


Produire de l’énergie renouvelable à la ferme : un second métier ?
Face aux variabilités des coûts de l’énergie et des matières premières, certains agriculteurs cherchent à diversifier leurs sources de revenus pour sécuriser, au moins partiellement, leur exploitation agricole. Toutefois, en fonction de la production choisie et du dimensionnement du projet, cette activité peut demander des compétences et des investissements plus ou moins importants.
Pour atteindre la neutralité carbone d'ici 2050, conformément aux engagements de l'Accord de Paris (COP 21), la France doit poursuivre ses efforts pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) et augmenter le bouquet d’énergies alternatives. L’agriculture a un rôle important à jouer, puisqu’elle produit 20 % des énergies renouvelables au niveau national.
Des agriculteurs producteurs d’énergie renouvelable
Les agriculteurs français produisent une diversité d’énergies renouvelables sur leurs exploitations agricoles :
du biogaz grâce à la méthanisation,
de l’électricité verte grâce aux panneaux solaires photovoltaïques, au petit éolien ou à la méthanisation (par cogénération),
de la chaleur via les panneaux solaires thermiques, la géothermie (encore marginale), le bois ou la méthanisation (par cogénération).
Colonne 1 : VENT (Énergie éolienne)
- Case 1 (VENT) : Cette case représente l'énergie éolienne, l'énergie produite par le vent.
- Case 2 (Petit éolien) : Indique que l'énergie éolienne est captée par de petites éoliennes.
- Case 3 (Électricité) : Montre que l'énergie mécanique du vent est convertie en électricité.
- Case 4 (Vente ou auto-consommation) : Signifie que l'électricité produite peut être soit vendue à un réseau électrique, soit utilisée directement pour les besoins propres.
Colonne 2 : SOLAIRE (Énergie solaire)
- Case 1 (SOLAIRE) : Cette case représente l'énergie solaire, l'énergie provenant du soleil.
- Case 2 (Photovoltaïque) : Indique la conversion directe de la lumière solaire en électricité.
- Case 3 (Solaire thermique) : Indique la conversion de la lumière solaire en chaleur.
- Case 4 (Électricité) : Montre le résultat de la conversion photovoltaïque : de l'électricité.
- Case 5 (Chaleur) : Montre le résultat de la conversion solaire thermique : de la chaleur.
- Case 6 (Vente ou auto-consommation) : Signifie que l'électricité solaire peut être vendue ou auto-consommée.
- Case 7 (Auto-consommation) : Indique que la chaleur solaire est généralement utilisée directement.
Colonne 3 : BIOMASSE (Énergie issue de la matière organique)
- Case 1 (BIOMASSE) : Représente l'énergie issue de la matière organique.
- Case 2 (Déjections, effluents d'élevage) : Indique une source de biomasse : les déchets agricoles.
- Case 3 (Cives, résidus de cultures) : Indique une autre source de biomasse : les restes de cultures.
- Case 4 (Bois des haies et surfaces boisées) : Indique une autre source : le bois.
- Case 5 (Méthanisation) : Montre la conversion de la biomasse en biogaz.
- Case 6 (Bois énergie) : Montre l'utilisation directe du bois pour produire de la chaleur.
- Case 7 (Chaleur) : Indique la production de chaleur par combustion du bois.
- Case 8 (Électricité ou Biogaz) : Indique la production d'électricité ou de biogaz par méthanisation.
- Case 9 (Auto-consommation) : Signifie que la chaleur est utilisée sur place.
- Case 10 (Vente) : Indique que l'électricité ou le biogaz peuvent être vendus.
- Case 11 (Vente ou auto-consommation) : Indique que la chaleur issue du bois peut être vendue ou auto-consommée.
Colonne 4 : CHALEUR TERRESTRE (Géothermie)
- Case 1 (CHALEUR TERRESTRE) : Représente la géothermie, l'énergie de la chaleur interne de la Terre.
- Case 2 (Géothermie) : Indique l'extraction de cette chaleur.
- Case 3 (Chaleur) : Montre que la chaleur est utilisée directement.
- Case 4 (Auto-consommation) : Signifie que la chaleur géothermique est utilisée sur place.
Des besoins en énergie en fonction de l’activité agricole
Les besoins diffèrent en fonction de l’activité agricole et peuvent guider, dans le cas de l’autoconsommation, le choix de l’énergie à produire. Par exemple, « les céréaliers cherchent des solutions pour réduire les coûts liés à l’azote. La méthanisation en fait partie, grâce au digestat produit par le méthaniseur. En arboriculture, les besoins sont plutôt électriques : des panneaux photovoltaïques peuvent être installés sur les hangars. Chez les serristes, un réservoir d’eau chaude permet de diminuer le chauffage la nuit. Outre la production de chaleur par cogénération, la géothermie présente une solution innovante à explorer », expose Laurent Lejars, chargé d’innovation à la Chambre d’agriculture du Loiret.
Produire de l’énergie verte demande des compétences
Produire de l’énergie renouvelable ne se limite pas à installer des panneaux solaires ou des digesteurs pour la méthanisation. Ces activités parfois très techniques demandent des compétences en gestion de projet, en suivi de production et en maintenance. La connaissance des réglementations en vigueur et des dispositifs de financement est aussi essentielle pour rentabiliser un projet énergétique. C’est pourquoi la formation et l’accompagnement par des experts sont essentiels pour un agriculteur qui souhaite se lancer dans un tel projet. Les Chambres d’agriculture proposent généralement un accompagnement technique, économique et réglementaire pour les projets liés à la production d’énergie, ainsi que des formations.
Un engagement plus ou moins important pour les agriculteurs
La méthanisation, un métier à part entière
Une unité de méthanisation demande une alimentation régulière et parfaitement maîtrisée en substrats (effluents d’élevage, résidus de cultures, cultures à vocation énergétique…), ainsi qu’un suivi technique permanent pour optimiser la production de biogaz. L’engagement est quotidien et demande une astreinte, de la même manière qu’un élevage bovin. Laurent Lejars souligne : « La méthanisation est un vrai métier avec un vrai revenu et une vraie perspective. Les agriculteurs méthaniseurs disposent d’azote moins cher grâce au digestat : ce sont de véritables producteurs d’énergie directe (par cogénération ou injection) et indirecte (azote). Demain, peut-être auront-ils des tracteurs roulant au biogaz produit sur l’exploitation ? »
Panneaux photovoltaïques et petite éolienne : ne pas négliger la maintenance
Bien que beaucoup moins chronophage que la méthanisation, l’entretien des panneaux photovoltaïques n’est pas à négliger. L’accumulation de poussières et autres résidus peut affecter le rendement énergétique. Les équipements électriques et les onduleurs doivent être contrôlés. C’est aussi vrai pour les petites éoliennes, dont les pales et le générateur demandent un minimum d’entretien.
Le bois énergie : une organisation bien huilée
La production de bois-énergie demande une gestion rigoureuse des ressources forestières ou des haies agricoles. La coupe, le broyage, le séchage et le stockage du bois doivent être bien organisés pour un rendement optimal des chaudières.
Ces tâches plus ou moins contraignantes s’ajoutent au travail agricole classique et peuvent éventuellement entraîner l’embauche de salariés supplémentaires.
Différents modèles économiques pour la production d’énergie renouvelable
Investir dans la production d’énergie représente souvent un engagement financier conséquent. Le retour sur investissement dépend de plusieurs facteurs : coûts d’installation, prix de rachat de l’énergie ou économies permises par l’autoconsommation, subventions disponibles et rendement de l’installation.
Certains agriculteurs choisissent d’ailleurs de créer des sociétés spécifiques pour gérer cette activité, seuls ou en collaboration avec des partenaires (collectivités, entreprises énergétiques, autres agriculteurs…).
Autoconsommation pour économiser de l’énergie
L’énergie produite autoconsommée réduit les coûts énergétiques sur l’exploitation agricole. Par exemple :
En méthanisation, le biogaz peut alimenter une chaudière pour pourvoir aux besoins en chaleur de l’exploitation : serre, séchage de fourrage, élevage… Les agriculteurs disposent aussi d’une énergie indirecte, grâce à l’azote disponible dans le digestat.
En photovoltaïque, dans le cas d’une autoconsommation totale, la centrale peut être raccordée au tableau électrique pour couvrir uniquement les besoins de l’exploitation. Il est aussi possible de stocker l’énergie non consommée immédiatement dans une batterie solaire pour l’utiliser plus tard. Sinon, le surplus peut être revendu sur le réseau public. « La production d’énergie solaire permet d’économiser les charges et gagner en autonomie énergétique en cas d’autoconsommation, ou d’avoir un petit complément de revenu en cas de revente », explique Laurent Lejars.
En bois-énergie, les agriculteurs peuvent utiliser la chaleur produite pour leurs bâtiments d’élevage ou sécher du foin.
Vente d’électricité ou de gaz
Afin d’obtenir un revenu supplémentaire, l’agriculteur peut choisir de vendre tout ou partie de sa production d’énergie renouvelable.
Par exemple :
En photovoltaïque, la production des panneaux solaires est injectée sur le réseau public électrique. Le tarif de rachat des kWh est garanti par l’Etat pendant 20 ans.
En méthanisation, l’électricité produite par cogénération peut être vendue à un tarif garanti pendant 20 ans. Si l’unité produit uniquement du biogaz, celui-ci peut être injecté dans le réseau de gaz naturel, avec un tarif garanti pendant 15 ans.
Vente de biomasse
Bien que la biomasse sorte du champ de la production d’énergie sur l’exploitation, les agriculteurs peuvent se rémunérer en vendant :
Des cultures principales (dans une limite de 15 % du volume entrant) ou des cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE) pour une unité de méthanisation extérieure à la ferme,
Des cultures pour produire des biocarburants,
Du bois et autres biocombustibles comme le miscanthus, par exemple pour une commune qui dispose d’une chaufferie collective.
Mise à disposition de surfaces agricoles
Les projets photovoltaïques et de grand éolien détenus par des entreprises productrices d’énergie peuvent également offrir un revenu supplémentaire aux agriculteurs par la mise à disposition de parcelles agricoles. Par exemple, des développeurs agrivoltaïques proposent un bail emphytéotique (40 à 50 ans). Certains y incluent une rémunération annuelle fixe qui dépend de la puissance installée, avec une part variable indexée sur le chiffre d’affaires de l’installation.
Une activité à part entière, voire un nouveau métier
La production d’énergie n’est pas seulement un moyen de diversifier les revenus de l’exploitation agricole : c’est une activité à part entière, voire un véritable métier qui nécessite des compétences propres et une approche entrepreneuriale.
Pour un agriculteur, l’idée est d’ajouter une nouvelle casquette à son activité principale. Si le projet est bien mené, il peut être un atout pour la pérennité de l’exploitation.

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