Agrivoltaïsme : un levier d’adaptation de l’agriculture au changement climatique

L’agrivoltaïsme pour s’adapter aux enjeux climatiques

Toutefois, l’agriculture a toujours su s’adapter aux enjeux auxquelles elle fait face. Aujourd’hui, le secteur agricole continue d’innover pour s’adapter aux changements climatiques et aux aléas météorologiques. L’agrivoltaïsme s’impose parmi la diversité de réponses possibles.

Production agricole et production d’énergie verte pour plus de résilience

L’agrivoltaïsme consiste à installer des panneaux photovoltaïques sur des parcelles agricoles en maintenant une activité de culture ou d’élevage. Il s’agit donc de créer une synergie entre production alimentaire et production d’énergie verte. La production agricole reste prioritaire (loi APER). En protégeant les cultures et les animaux d’élevage contre les intempéries et températures extrêmes, l’agrivoltaïsme contribue à la résilience de l’agriculture face au changement climatique. 

Protection des cultures grâce à l’ombrage agrivoltaïque

La protection des cultures est l’un des principaux avantages de l’agrivoltaïsme. Les panneaux solaires créent un ombrage partiel qui limite l’exposition directe au rayonnement solaire. La surface de parcelle ombragée dépend des technologies. Par exemple, les technologies intégrant un pilotage intelligent permettent d’ajuster la position des panneaux solaires en fonction des besoins des plantes et des conditions météorologiques. Contrairement aux structures agrivoltaïques fixes, elles offrent ainsi un ombrage tournant et partiel plutôt qu’un ombrage constant. 

Une zone d’ombre constante peut être inadaptée à certaines espèces végétales exigeantes en lumière. Une ombre trop dense peut en effet freiner la photosynthèse et nuire à la qualité ou la quantité de la production. Il est donc important de réfléchir à l’équilibre entre la technologie et l’activité agricole projetée : en fonction de la culture et des variétés, les besoins en ombre et en soleil diffèrent.

Une meilleure régulation des températures sous les panneaux solaires

En été, les panneaux photovoltaïques offrent une protection aux cultures contre les températures extrêmes. Le microclimat sous leur surface contribue à réduire la température de l’air et du sol de 1 à 3 °C. Ainsi, les cultures sont mieux protégées contre le stress thermique. Les étés secs et chauds, l’agrivoltaïsme peut donc maintenir voire améliorer les rendements agricoles. 

En hiver, les panneaux solaires limitent le risque de gel en limitant les pertes de chaleur.

Réduction du stress hydrique des plantes

Face aux épisodes de sécheresse de plus en plus fréquents, l’agrivoltaïsme représente un atout pour les cultures. En limitant l’évapotranspiration, les panneaux contribuent à conserver l’humidité des sols. Résultat : les besoins en irrigation peuvent chuter de 20 à 30 % sous les panneaux solaires (source : Ademe).  

Les structures agrivoltaïques mobiles, lorsqu’elles sont positionnées presque à la verticale, présentent un avantage par rapport aux panneaux solaires fixes : elles laissent passer plus facilement la pluie, assurant une meilleure répartition de l’eau sur la parcelle.

Protection physique des cultures contre les aléas climatiques 

L’agrivoltaïsme ne protège pas seulement contre les excès de chaleur ou le manque d’eau. Les panneaux photovoltaïques installés au-dessus des cultures agissent aussi comme une barrière face aux aléas climatiques. En cas de grêle, ils amortissent les impacts sur les cultures, réduisant les dégâts potentiels. C’est d’autant plus vrai pour les structures mobiles, qui peuvent être positionnées à l’horizontal. En cas de vents forts, les panneaux verticaux font office de brise-vent. 

Découvrez les différentes technologiques agrivoltaïques

Élevage : un atout pour le bien-être animal

Les grosses chaleurs ont un impact fort sur le bien-être des animaux qui pâturent. L’ombrage des panneaux photovoltaïques offre des zones plus fraîches. Le stress thermique des ruminants est alors limité, ce qui préserve leur santé, leur confort… et donc leur productivité. Chez les vaches laitières, le stress thermique peut entraîner une baisse de la consommation d’aliment et un inconfort digestif. Elles subissent donc un déficit énergétique et une baisse de production laitière.  

Attention à bien adapter la hauteur des panneaux à la taille des animaux.  

Une diversification des sources de revenu

Au-delà de ses bénéfices agronomiques, l’agrivoltaïsme représente une opportunité économique pour les exploitants agricoles. Le financement de l’installation solaire est assuré par des développeurs. Certains proposent aux agriculteurs un bail de très longue durée (bail emphytéotique) avec un loyer sur 30 à 50 ans. Une part variable peut y être intégrée, en fonction du chiffre d’affaires de la centrale solaire.  

Par exemple, Engie Green met en place des modèles de partage de la valeur avec les agriculteurs, incluant le versement de loyers pour l’usage de leurs terrains, tout en veillant à préserver l’équilibre du foncier agricole.  

L’agrivoltaïsme génère donc des revenus stables et prévisibles, qui sécurisent l’exploitation agricole face aux incertitudes climatiques et aux fluctuations du marché.

L’agrivoltaïsme compatible avec les aides PAC

Par ailleurs, les agriculteurs conservent leur éligibilité aux aides PAC, puisque la parcelle reste à vocation agricole.
L’arrêté du 8 avril 2024 intègre les panneaux photovoltaïques s'ils couvrent moins de 40 % de leur zone d’implantation, sauf dérogation.  

Agrivoltaïsme et transition énergétique

L’agriculture doit réduire de 46 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050 pour participer à la décarbonation de la France. Les pratiques plus vertueuses comme l’agro-écologie sont donc encouragées. Il s’agit d’adopter des pratiques agricoles associant les dimensions écologiques, économiques et sociales. Par ailleurs, le plan de décarbonation intègre la production d’énergie à partir de ressources renouvelables. Avec l’agrivoltaïsme, les exploitations agricoles produisent localement une énergie verte.

Elles participent ainsi à la transition énergétique du pays. En effet, la France vise une décarbonation totale de son mix énergétique d’ici 2050. 

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