Comment maîtriser les consommations d’énergie en élevage avicole ?

6 min de lecture Mis à jour le 24/10/2025
Mis à jour le 24/10/2025 6 min de lecture

Le chauffage et la ventilation sont essentiels à la santé et au bien-être des volailles, ainsi qu’au confort de l’éleveur. Or, l’énergie représente environ 30 % des charges variables d’un élevage avicole. Comment limiter la facture énergétique d’un bâtiment, qu’il soit existant ou à construire ? Gwenn Guillou, chargée d’étude en aviculture à la Chambre d’agriculture de Bretagne, partage ses conseils.

Quelle part représente la consommation d’énergie dans les charges d’un éleveur avicole ?

Le poste énergie représente environ 30 % des charges variables de l’éleveur de volailles. Il a toutefois augmenté pendant la crise énergétique. En poulet lourd sexé, le gaz de chauffage représente 19 % des charges variables. L’électricité, utilisée pour la ventilation et les automatismes, compte pour 14 % des dépenses. Le coût de l’énergie pèse plus lourd que celui de la santé et désinfection (24 %), de la main-d’œuvre temporaire (20 %) ou de la litière (11 %). 

Quels sont les principaux postes de consommation d'énergie en élevage de volaille de chair ?

 

Les éleveurs de volailles de chair (poulet, dinde, pintade…) reçoivent les poussins à l’âge de 1 jour. N’ayant pas encore de plumage, ils n’ont pas la capacité de se réchauffer. Durant cette phrase appelée « endothermique », il est nécessaire de chauffer le bâtiment pour assurer le confort thermique des animaux et leur bon développement. Le plus souvent, la chauffe est réalisée avec des canons dans le bâtiment, alimentés par du gaz propane. D’autres types de chauffage existent, comme les chaudières biomasse alimentées à la plaquette de bois ou les planchers chauffants. La chauffe du bâtiment dure plus ou moins longtemps en fonction de la saison. Ensuite, l’animal grandit et commence à dégager de la chaleur : c’est la phase exothermique. Il faut alors diminuer la température du bâtiment, tout en renouvelant l’air. L’éleveur déclenche donc les ventilateurs, qui fonctionnent grâce à l’électricité. En conclusion, la 1ère phase d’élevage consomme surtout du gaz, quand la seconde s’appuie davantage sur l’énergie électrique. 

Et en élevage de poules pondeuses ?

 

Les poules arrivent dans les élevages à l’âge de 19-20 semaines. Grâce à leur plumage, le besoin en chauffage est très marginal. Les consommations en gaz sont donc moins importantes qu’en volaille de chair. En revanche, ce type d’élevage nécessite de l’électricité pour faire fonctionner les tapis à œufs, les ventilateurs, les tapis pour la fiente, etc. En volailles de chair comme en pondeuses, les principaux postes d’énergie dépendent aussi du type de bâtiment. Plus il est isolé, étanche et bien ventilé, avec des équipements bien raisonnés, plus il est économique pour les éleveurs. Les bâtiments en ventilation naturelle consomment moins d’énergie puisque le vent ventile le bâtiment. En ventilation dynamique, les turbines et les ventilateurs gèrent le débit d’air qui sort du bâtiment. C’est un système plus maîtrisé, mais qui nécessite plus de machineries et donc plus d’électricité.  

En quoi le mode de production choisi par l’éleveur a-t-il un impact sur les consommations d’énergie ?

 

En élevages labellisés ou en circuits courts, les bâtiments sont souvent plus petits et moins automatisés même si ce n’est pas systématique. Ils consomment donc a priori moins d’électricité. Côté chauffage, selon la saison, l’ouverture des trappes pour les parcours oblige l’éleveur à s’adapter pour éviter les courants d’air, notamment pour le bien-être des animaux.  

Quelle est la période la plus complexe pour piloter un bâtiment avicole ?

 

Quand les animaux sont âgés de 0 à 15 jours, la compréhension du couple chauffage/ventilation doit être très pointue. À cette période, on chauffe le bâtiment pour que les animaux se développent bien et vivent dans de bonnes conditions. Mais il est également nécessaire de ventiler pour qu’ils s’oxygènent bien. Les réglages doivent donc être fins : ne pas trop ventiler pour ne pas évacuer la chaleur, mais ventiler suffisamment pour empêcher le CO2 d’augmenter.  

Quels sont les différents moyens d'économiser de l'énergie sur un bâtiment existant ?

 

Je conseille plusieurs étapes : 

 

Bien connaître ses consommations de gaz et d’électricité. Il faut analyser les factures d’énergie pour repérer les variations importantes de coût et déterminer si elles sont dues à l’augmentation du prix de l’énergie ou à une augmentation des consommations. Il est d’ailleurs possible de poser des compteurs sur chaque équipement pour identifier une surconsommation. Cette analyse permet d’élaborer un plan d’attaque pour savoir si la surconsommation d’énergie vient du bâtiment, d’un équipement ou de la conduite d’élevage. Concernant le coût de l’énergie, l’une des premières choses à faire est de revoir son contrat d’énergie. Qu’est-ce qui est négociable ? Peut-on accéder à un autre contrat ? Pour cela, il est possible de faire appel à un courtier en énergie. Il faut aussi vérifier les puissances demandées par l’élevage. Parfois, le contrat est basé sur une puissance supérieure aux besoins, ce qui joue sur le prix de l’abonnement.  

Être rigoureux sur l’entretien et le nettoyage des équipements. Les ventilateurs encrassés avec des courroies distendues consomment beaucoup plus d’énergie. Par ailleurs, la ventilation dynamique est pilotée par un boîtier de régulation dont il faut comprendre les nombreux réglages. Ceux-ci dépendent des sondes de température et d’hygrométrie, qu’il faut vérifier au moins à chaque vide sanitaire ou une fois par an. Au besoin, l’éleveur les changera ou les recalibrera. Il peut faire ces réglages s’il en a les compétences, ou demander à l’installateur de lui expliquer et de programmer l’installation. Il faut aussi repérer les équipements plus consommateurs, soit parce qu’ils sont anciens, soit parce qu’ils sont abîmés.  

Comprendre le bâtiment et repérer les fuites. L’éleveur doit chercher les ponts thermiques (portes, jointures entre les panneaux isolants, etc.) qui laissent passer de l’air. C’est surtout problématique au niveau des poussins, qui peuvent développer des maladies. Un peu de bricolage permet de limiter les trous. Ensuite, il peut être utile d’investir : revoir l’étanchéité, l’isolation, changer les équipements qui consomment trop d’électricité, remplacer une vieille porte… Il faut aussi prendre en compte l’âge du bâtiment. En effet, la laine de verre se tasse avec le temps, et les capacités isolantes des panneaux peuvent être très réduites. Un vieux bâtiment pourra donc être moins performant qu’un bâtiment neuf construit avec des matériaux plus techniques. Enfin, régler les problématiques de fuites d’eau engendrera des économies d’énergie et un meilleur confort animal. La litière peut être imprégnée d’eau soit par remontées capillaires (sols en béton notamment), soit à cause de fuites. Pour résoudre ce problème, il faut chauffer le bâtiment et ventiler…et donc consommer plus d’énergie.  

Comment concevoir un nouveau bâtiment d’élevage économe en énergie ?

 

Il est tout d’abord essentiel de bien penser le terrassement et l’évacuation des eaux, afin d’éviter les remontées capillaires. Il faut connaître le terrain et réfléchir au placement du bâtiment, notamment par rapport au sens des vents. C’est important pour la ventilation.  

Ensuite, quand on construit la coque du bâtiment, il est nécessaire de porter attention à la qualité et à l’épaisseur de l’isolation. L’éleveur doit aussi veiller à l’étanchéité entre les panneaux isolants, au niveau de la pose des fenêtres, trappes d’entrée d’air, etc. Pour s’assurer que le moindre passage d’air soit comblé, il faut un bon suivi de chantier : l’éleveur ne doit pas hésiter à poser des questions au constructeur sur sa pose, sur les matériaux, etc. 

Quant à la ventilation, c’est simple : la meilleure ventilation est celle que l’éleveur comprend. Plus il est à l’aise avec son système, mieux il pilote son bâtiment. C’est important pour son bien-être et celui des animaux, ainsi que pour les performances énergétiques du bâtiment. 

D’autant plus qu’aujourd’hui, les bâtiments construits sont souvent dynamiques : ils comptent beaucoup de ventilateurs, de turbines, de cheminées, etc. L’éleveur doit bien se former à leur pilotage. Il a aussi besoin d’entourer de partenaires de confiance qui fassent des réglages assez fins pour éviter de gaspiller de l’énergie. 

Avez-vous un dernier conseil à donner aux éleveurs avicoles pour maîtriser leurs consommations d’énergie ?

 

L’élevage de volailles est un métier très technique qui nécessite des compétences animalières, mais aussi mécaniques et technologiques. Il est donc important que les éleveurs se forment pour comprendre leur bâtiment et apprendre à le piloter, que ce soit auprès des Chambres d’agriculture, des Organisation de producteurs, des constructeurs ou des installateurs.  

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